Rathlin, voyage entre terre et mer

Mardi 29 mai 2012

Je prends une habitude fâcheuse mais qui m'est coutumière lorsque je suis à l'étranger : me lever avec le soleil. Ici, le jour pointe à 5h. Il ne pourrait pas s'accorder parfois quelques grasses matinées ? Toujours est-il que je vis ainsi chaque nouvelle journée à fond comme je l'ai annoncé précédemment. En faisant un effort colossal et surtout la toupie, j'arrive à tenir allongé une petite heure de plus mais il me faut ensuite me lever et sortir, poussé d'une part par l'ennui et d'autre part par le souhait d'en profiter tant que je suis là. Après tout, ce n'est pas tous les jours qu'on se lève dans un nouveau territoire de "jeu" !

6h, je sors me promener. Etant seul, je peux me livrer avec frénésie et en cachette à mes deux passions : le shopping et KFC. Et comme le hasard fait plutôt bien les choses, l'enseigne de poulet se trouve à deux pas de l'auberge. Je relate ce passage car il m'a été suggéré hier de descendre à l'avant-dernier arrêt du trajet Dublin-Belfast - un énorme centre commercial -, tandis que ma coéquipière continuerait la route n'aimant pas faire les magasins. Au même moment, deux jeunes filles descendaient rayonnantes de pénétrer dans ce temple de la consommation et du superficiel. Je n'ai pas besoin de les décrire pour que vous ayez une idée précise de leur genre. Je parie qu'elles ont un chihuahua à la maison, qu'elles l'appellent "bébé" et qu'elles l'affublent d'un manteau rose ridicule dont le coût avoisine celui de mon sac à dos. Comment voulez-vous mettre à mal les clichés après cet épisode malencontreux ? Voilà pourquoi ce matin, au moment de sortir, me vient l'idée de me filmer dans ce rôle, scène que je pourrais montrer ensuite à Laëtitia. Tu penses que je peux prétendre à l'Ours du Meilleur Acteur au Festival de Berlin pour cette interprétation plus vraie que nature ?

Plus sérieusement, je me promène dans des rues encore désertes où peu d'autres personnes sont tombées du lit. Le mien était-il plus étroit que la moyenne ? Et c'est là que se produit un phénomène qui me laisse sans voix : un homme me croise et me gratifie d'un inattendu "good morning", sans prévenir. Mon organisme réagit illico à cette violente et abrupte irruption dans ma vie privée : un message chimique est transmis à mon cerveau, en fait plusieurs fois le tour avant de réussir à dénicher mon ultime neurone. Celui-ci tente de suite de décrypter le message codé qui vient de m'être délivré et le compare à un référentiel enfoui au plus profond de moi. La réponse ne se fait pas attendre : il semble s'agir d'une salutation entre deux personnes qui se rencontrent. C'est que dans ma région parisienne où chacun vit dans sa bulle, cette situation n'est pas très courante en extérieur. Confronté à de l'inédit, je finis par faire ressurgir des tréfonds de mon subconscient au prix d'un effort surhumain une réaction qui me paraît appropriée, elle aussi cryptée. Mon interlocuteur semble percevoir positivement le signal transmis. Ouf, mon premier test en immersion est concluant mais la journée a commencé sur les chapeaux de roue ! Et cette émotion forte me donne une excellente image des Irlandais. Pourvu que ça dure !

Je débute mon tour par le Queen's, le quartier de l'université. Autant dire qu'à cette heure-ci, il n'y a pas beaucoup d'animation.

 

Dans les alentours, les ruelles d'habitations sont dignes d'images d'Epinal de l'habitat du Royaume-Uni : un alignement d'immeubles en tout point identiques. La seule fantaisie réside dans la couleur de la porte.

Habitations identiques

Puis je décide d'aller glaner et/ou vérifier quelques informations sur les transports à la gare routière : avons-nous la bonne heure de départ pour notre bus de tout à l'heure ? Y a-t-il un dépliant sur la carte de transport que l'on souhaite acheter ? ... Ayant obtenu les renseignements souhaités, je pousse vers l'Hôtel de Ville, le marché St Georges et le quartier au sud de cette ligne virtuelle. Je passe ce faisant devant des bâtiments à l'architecture originale, parfois déjà aperçue en d'autres endroits de la cité comme c'est le cas pour l'église St Malachy.

A peine plus loin sur la façade d'un pub ou d'un restaurant, des médaillons figurent des personnages célèbres de l'Histoire mondiale.

La vie commence à reprendre, les artères à se remplir, les citadins à se presser vers leur lieu de travail, les "good morning" disparaissent. La fin du monde ne sera pas pour aujourd'hui. En fait, j'ai tout de même le droit à un dernier bonjour (en dehors de celui, naturel, de ma coéquipière) : alors que je retourne chercher Laëtitia, un homme m'arrête et me demande la gare ferroviaire. C'est ce qui s'appelle faire couleur locale. Pourtant avec mon short ??? Ou alors j'ai simplement le visage plus ouvert et avenant ? Mon guide Géo me permet de l'orienter vers son but. Si seulement ce pauvre homme avait conscience du risque qu'il prend en me demandant son chemin ... mais je dois reconnaître que là, je suis plutôt sûr de mon coup.

Ayant réveillé ma supérieure (elle dort sur le lit au-dessus du mien), j'en profite pour faire brièvement connaissance avec notre voisin de chambre, un asiatique qui semble fort sympathique. Dommage que nous n'ayons pas discuté plus tôt. 8h15, le départ est donné. Au guichet de la station Europa, il faut se procurer les billets pour Ballycastle et acheter deux pass ILink permettant de se déplacer librement sur tout le réseau nord-irlandais pendant un jour (demain). Laëtitia s'occupe de cette tâche avec brio et beaucoup plus d'assurance qu'hier. Dans peu de temps, elle aura totalement confiance en elle-même, comprendra tous ses interlocuteurs et gagnera en aisance à chaque échange. Il en va ainsi pour moi également : le premier jour tout va si vite ! Puis les automatismes reviennent et la confiance en même temps.

Pour aller à Rathlin, deux itinéraires sont possibles : en train par les terres ou en bus par le littoral. Personnellement, j'ai d'habitude une attirance pour le train dans tous mes séjours car les rails qui filent toujours vers l'horizon, symbolisent à mes yeux une marche en avant, une voie qui mène à la découverte d'un ailleurs inconnu. Cependant, pour notre trajet de ce matin, la côte est vivement recommandée par les guides parce que la route traverse les glens d'Antrim, des vallées encaissées creusées par des torrents dévalant de hauts plateaux et se terminant dans la mer.  Comme en Corse, la chaussée zigzague pour pouvoir contourner chaque pointe. Aussi avions-nous choisi conjointement lors de la préparation de notre voyage cette seconde option. Et nous avons bien fait car nous en prenons plein les yeux avec la vaste étendue bleue à droite et des collines couvertes de fleurs jaunes à notre gauche. Sur la seconde partie de la route, deux grands-mères me font la conversation et s'enthousiasment, elles-aussi de la beauté et du caractère sauvage de chaque vallée, chaque colline, chaque cap ... Curieusement, on en vient à parler de religion en évoquant les villes qu'elles connaissent en France et lorsque je rebondis en disant que j'ai grandi non loin de Lourdes. Mais sur le sujet le malaise est perceptible : elles m'avouent qu'elles sont chrétiennes en chuchotant puis mettant un doigt devant leur bouche pour réclamer le silence et pointent de l'autre le chauffeur juste devant elles. La page n'est à priori pas totalement tournée, au moins pour leur génération. Du coup, je comprends mieux également leur attitude lorsque le chauffeur change : certains ont le droit à des bonbons, d'autres non.

Une fois de plus, notre bonne coordination et répartition des tâches nous permet de bénéficier de places de choix tout à l'avant et ainsi de mieux profiter du panorama infini qui se déroule tel une pellicule. Je réussis à esquiver la conversation qui s'enlise dans les "merveilleux" et "magnifique" de mes deux nouvelles copines au bénéfice d'un arrêt technique à Cushendun. Nous sortons quelques instants avec Laëtitia pour immortaliser le débouché d'un des glens.

Peu avant midi, nous descendons à Ballycastle et allons retirer nos billets de bateau pré-réservés pour Rathlin. Le personnel très serviable nous propose de garder nos gros sacs pendant que nous allons nous balader dans les environs. Nous contournons un mignon petit port et nous dirigeons vers la plage de cette station balnéaire, coincée derrière un cordon de dunes relativement élevées.

13h. Larguez les amarres ! Quelques interrogations de mon côté car lors de ma dernière expérience en septembre 2011, je n'avais pas été très bien sur une mer houleuse à chercher les baleines. Cette fois-ci, ça va finalement parce que ma coéquipière est là pour me distraire et qu'on passe la moitié de la traversée à pique-niquer. 9 kilomètres séparent les deux ports. Autant dire que l'on voyait déjà notre but avant même de monter à bord. Autour de certaines pointes, un voile brumeux se cramponne mais la journée est destinée à être belle. Peu à peu, la côte déchiquetée de Rathlin se précise et devient toujours plus nette. De hautes falaises se jettent dans la mer tandis que celle-ci éclate contre de nombreux écueils, devenant ainsi écume.

Le ferry pénètre dans un petit port abrité derrière plusieurs digues dans Church Bay. Nous sommes triplement insulaires à ce moment-là (Rathlin - Irlande - Royaume-Uni). Comme nous avons tout organisé à distance, Jennifer nous attend au port avec son pick-up pour nous conduire à son hôtel. Ca tombe bien car nous sommes pressés : nous avons 6 km de marche ensuite pour aller voir les oiseaux et le centre d'observation ferme à 16h. Sur le trajet, elle nous détaille chaque bâtiment, les musées et autres points d'intérêt dont Mill Bay où reposent des phoques. Notre hôtel est juste au-dessus de leur lieu de repos, dans une maison que nous avons à notre totale disposition pour une somme dérisoire (inférieure à celle nécessaire en auberge de jeunesse). Nous avons une cuisine, une chambre, 2 douches et toilettes, un salon. Nous sommes vraiment plus gâtés que des rois (ou reines) et l'accueil est simplement parfait comme le souligne aussi le livre d'or. Si vous allez à Rathlin, séjournez à tout prix au Seorneog View Hostel, impossible d'être déçu.

Il est temps de partir à pied pour la pointe ouest et le RSPB Center, centre de protection des oiseaux. Nous branchons le pilote automatique et filons sur notre objectif dans une course contre-la-montre. Nous profiterons davantage du paysage au retour car chaque minute écoulée ne pourra être consacrée à l'observation. Le parcours est très vallonné, il y a peu d'habitations, plus de moutons et de vaches. L'environnement se fait sauvage et par moment on pourrait se croire transporté en Bretagne. Nous croisons des marcheurs dont de jeunes écoliers qui doivent peiner et en ont tout l'air. Puis plus personne : nous sommes seuls en pleine nature et au calme. C'est ressourçant !

Un ultime bus s'arrête à ma hauteur car je marche derrière. Son chauffeur ne comprend pas que nous fassions 6 kilomètres à pied. Je ne lui dis pas qu'en plus on y trouve du plaisir car nous serions internés. Réaction fréquemment rencontrée quand on décide d'arpenter le monde en prenant son temps et en ne comptant que sur soi. [Il peut sembler contradictoire que je parle de prendre son temps quand je nous signalais pressés un peu plus haut mais c'est simplement que nous avions 2 heures pour couvrir les 6km et voir les oiseaux le plus longtemps possible. Après à nous de gérer le timing et on a choisi la marche plus lente que le bus pour commencer à s'imprégner du paysage]. "Dernier bus" insiste-t-il, "je vous amène et vous rentrez à pied". Il ne sait pas que nous sommes des privilégiés qui allons dormir sur l'île ce soir. Alors peu nous importe la dernière navette ou le dernier ferry. Le temps est nôtre, l'espace également pour les prochaines heures : les frontières seront celles que nous déciderons de ne pas franchir, la soirée débutera lorsque, repus d'une belle marche, nous déciderons de poser le sac pour la nuit. Déclinant sa proposition, il repart dépité. Cela ne l'empêchera pas plus tard de nous saluer de la main en s'apprêtant à retourner vers le port avec une nouvelle fournée de clients, comme si nous faisions partie de ce monde clos depuis toujours. L'île nous a adoptés et ne va cesser de nous le prouver jusqu'à notre départ.

Le bitume finit par s'effacer au profit du chemin : nous approchons. Au détour d'une dernière colline, nous touchons au but : le phare de l'ouest est à nos pieds, au bas d'une volée de marches que remontent les derniers touristes soucieux de ne pas rater la navette de notre "ami". Nous traversons le phare et sommes émerveillés de découvrir des éperons rocheux couverts d'oiseaux. Pas des dizaines, plutôt des centaines : mouettes, fulmars, guillemots, pingouins tordas et macareux principalement. Malgré la grande distance qui nous sépare du pied de la falaise et donc d'eux (ils apparaissent comme des petites boules pour la plupart), nos yeux sont écarquillés, notamment ceux de Laëtitia qui souhaitait si ardemment voir des macareux depuis le jour où l'on a choisi l'Irlande.

Alors que nous sommes les derniers visiteurs de la journée, nous allons faire une rencontre providentielle. En effet, une des bénévoles du centre doit remarquer notre enchantement et décide d'y mettre son grain de sel : elle nous propose dans un premier temps de regarder à travers des jumelles et des lunettes la lointaine colonie. C'est magique parce que l'on se retrouve de suite immergé en son sein comme si l'on était un de ses membres. Le territoire est extrêmement délimité pour chaque espèce : sur une falaise à deux pas de nous et très visibles : mouettes, guillemots et pingouins tordas. Certains préfèrent nicher à flanc de falaise, d'autres sur de minuscules replats. Quant aux macareux, ils ont élu domicile sur une pente herbeuse mais tout en bas, trop loin pour être distingués nettement.

Peu après, notre bienfaitrice nous signale que, parfois, une famille vient à 10 mètres du phare derrière un parapet en pierre. Elle nous propose donc de guetter pendant que nous profitons du cadre et photographions à tout va. 20 minutes plus tard, une chance extraordinaire conduit un macareux sur le site d'observation de l'autre côté du petit muret. Que demander de plus ? Observation réciproque mais il ne nous craint pas. Tout en profitant de ces instants, nous plaisantons avec la bénévole qui baptise le macareux Brad Pitt. Peu après débarque Angelina. Puis la conversation se fait plus sérieuse pour parler de leur activité. La plupart des oiseaux viennent entre avril et août pour pondre (éclosion en juin) dans ce site où la nourriture est des plus abondantes. Quant à la bénévole, elle nous explique qu'en tant que membre fidèle de l'organisation, elle peut venir deux semaines dans cet endroit. 45 minutes d'une visite passionnante se sont écoulées en un clin d'oeil. Alors que le centre s'apprête à fermer, nous enregistrons une dernière fois la taille et le bruit impressionnants des colonies, regardons quelques oiseaux nager sous l'eau cristalline en contrebas et tirons notre révérence à Brad Pitt. Rencontre qui encourage et qui marque. Le voyage en solo les favorise. En guise de cadeau d'adieu, nous recevons un magazine du RSPB Center alors que ce serait à nous de remercier.

 

Le trajet du retour est plus lent pour s'imprégner du paysage mais non sans tranches de rigolade. Au niveau d'un joli petit lac, nous quittons le sentier et nous enfonçons dans la lande. On détermine aussi des consignes pour survivre au cas où la nuit nous désorienterait. Ma coéquipière déçue que je ne regarde pas Koh Lanta pour apprendre à faire du feu, s'enquiert de comment on procéderait si on se perdait. Ma réponse spontanée est de ne pas se casser la tête avec de la mousse, une pierre et un bâton mais de faire du feu avec ... un briquet. Là plus besoin de faire Koh Lanta. Le hic c'est que je n'ai pas de briquet sur moi car il ne me sert que rarement à détruire certaines formes de déchets biodégradables. Alors je passe à la solution suivante : lui laisser ma polaire [vous pensez : qu'est-ce qu'il est galant !] et qu'elle me porte dans les montées [j'ai l'impression d'avoir écorné ma nouvelle réputation...]. Si après ça elle a encore froid, je n'y peux rien. De toute façon pourquoi se perdre ? Je suis une boussole née ... enfin presque.

Lac

Laëtitia finit par repérer dans la lande des lièvres irlandais. Nous tentons dans un premier temps de les traquer. Mais mon cri de la carotte ne doit pas être fameux parce que je n'en attire pas beaucoup. La prairie est ponctuée de murets en pierre depuis que l'on a retrouvé le chemin. Ca et là quelques rares lacs. Au loin, la pointe sud de l'île où nous irons demain.

Pointe sud de Rathlin

Les lièvres finissent par gambader partout : ils sortent du moindre fourré ou repli de terrain. A tel point qu'il faut commencer à les écarter. Une pancarte "attention aux lièvres" serait bien utile à cette fin, non pas qu'ils mordent ou présentent un quelconque danger mais plutôt pour éviter de marcher sur l'un d'eux par mégarde.

Plus loin, une vache tente un sit-in sur notre route. Ne pouvant accéder à ses revendications de la teindre en violet et de lui inscrire "Milka" sur le dos faute de matériel adéquat, elle finit par lever le blocus à contrecoeur.

Enfin, on cherche à immortaliser des moutons à tête noire mais depuis notre retour, tous ont la tête blanche. Je leur propose de faire l'autruche pour noircir cette frimousse mais je ne suis pas écouté jusqu'à ce que ...

Moutons à tête noire

Peu après une petite chapelle, nous avons face à nous Church Bay. Comme il n'est pas tard, nous décidons d'allonger notre parcours vers le phare est.

Après tout on n'est pas pressé et personne ne nous attend. Sa lumière tourne en permanence, gardienne d'un couloir maritime au nord de l'île.

Phare est

Les lièvres ne se comptent plus et nous en sommes presque à nous dire "oh regarde : un espace SANS lièvre !".

Lièvre d'Irlande

Au loin, des terres apparaissent nous questionnant sur la géographie du coin. Après vérification dans mon guide, il s'avère que c'est l'Ecosse. Nous sommes très surpris car nous ne la pensions pas aussi proche.

Côtes écossaises

Comme hier, nous décidons de marquer une pause près du phare. Moment appréciable sur fond de clapotis car tout autour de nous n'est que nature hormis le vieux géant de pierre qui n'est pas vilain. L'esprit peut s'évader mais pas trop loin parce qu'on est déjà bien dans ce cadre.

Avant d'aller préparer le diner, nous optons pour un dernier détour par le port pour voir les phoques de Mill Bay. Tout à l'heure, ils étaient effrayés par les personnes qui approchaient à toute vitesse pressées par leur horaire de départ de ferry. Ils disparaissaient alors avalés par les eaux. Mais maintenant que la dernière rotation de la journée a eu lieu, ils sont bien présents. Privilégiant une approche douce et lente, nous parvenons à environ 30 mètres sans les alerter outre mesure. Pour ne pas les déranger davantage, nous posons nos affaires au sol et nous asseyons sur les rochers pour les contempler en silence sur fond de soleil déclinant. A nouveau le temps s'arrête. Finalement, il se pourrait bien qu'il soit élastique. Une seule recette pour le constater : s'emplir de l'instant.

Les attitudes des animaux sont vraiment drôles à se gratter la tête ou le ventre. D'autres n'ont pas trouvé place sur les récifs et batifolent dans l'eau. Quelle chance aujourd'hui d'avoir pu approcher de si près et Brad Pitt le macareux et les phoques. L'opportunité ne doit pas s'offrir à tous. 

De retour à l'hôtel, nous prenons un repas tranquille puis jouons au Scrabble. Je suis dépité de jouer aussi mal pour une fois. Mais il y a encore pire, imaginez un monde infernal où le Y du Scrabble ne rapporte pas 10 points mais seulement 4 !!! C'est inconcevable et horrible n'est-ce pas ? Alors vous pouvez deviner notre désarroi face à la version anglaise de ce jeu. Terrible !

Ce soir je m'endors avec les images d'une journée encore plus riche que la précédente, dans un cadre sublime qui plus est. Glens d'Antrim et Rathlin Island, notre programme a été très réussi.

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